La phobie scolaire ou refus scolaire anxieux. La définition la plus utilisée est celle du Docteur Ajuriaguerra, neuropsychiatre, en 1974 : « il s’agit de jeunes qui, pour des raisons irrationnelles, refusent de se rendre à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou d’angoisse si on le force à y aller. » Mais pas que! Aujourd’hui la phobie scolaire touche aussi des élèves qui sont ou ont été harcelé psychologiquement et/ou physiquement.

Source https://phobie-scolaire.org/

Qu’est-ce que la phobie scolaire ?

La phobie scolaire correspond à la situation de jeunes qui n’arrivent pas à aller à l’école pour des raisons irrationnelles. C’est un symptôme correspondant à des causes extrêmement diverses. Pour clarifier, il ne s’agit pas d’un manque d’intérêt pour l’école et pour indiquer la cause (des anxiétés) le terme de « refus scolaire anxieux » est souvent utilisé.

Dans l’entretien que nous a accordé Marie-France Le Heuzey, responsable de l’unité de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent de l’Hôpital Robert Debré à Paris, il ressort que la phobie scolaire n’existe pas du point de vue de la nomenclature psychiatrique (DSM V). La terminologie utilisée consiste en une décomposition en : anxiété de séparation, phobie sociale, stress post-traumatique.

Explication de la phobie scolaire par le Dr Marie-France LE HEUZEY

Les raisons de cette « phobie » (ou de cette angoisse) ne sont pas les mêmes selon les individus et leur histoire personnelle. Certains facteurs communs sont observés tels qu’une peur excessive de l’échec, du jugement des gens, des professeurs ou des autres élèves. Des situations de harcèlement ou de cyber harcèlement sont fréquemment impliqués. La phobie scolaire est aussi souvent liée à une peur ancienne de la mort et de la séparation, quelquefois réactivée par un traumatisme plus récent.

Ce n’est pas de la phobie et ce n’est pas scolaire

Comment comprendre cette phrase ?

Tout d’abord la phobie scolaire est liée à l’école en tant que lieu de vie. Il peut y avoir la peur du professeur, mais c’est en général lié à plusieurs causes qui ne sont en général pas spécifiques de l’école (comme discuté plus haut). Il y a peur de la situation scolaire.

Ce n’est pas exactement une phobie. La phobie de l’ascenseur ou de l’avion consiste en une sensation d’étouffement, une peur de mourir. Dans la phobie scolaire, il peut y avoir cette composante (par exemple devant l’entrée de l’école), mais cela ne se limite pas a cela.

Qui est concerné ?

La multiplicité des causes et l’absence de dénomination du diagnostique rendent l’estimation de l’impact de la phobie scolaire très difficile, difficulté que l’on retrouve également dans les pays voisins. Si les NEET (Not in Employment, Education or Training) de la tranche d’âge des 15-19 ans sont 6,1 % en France (8,5 % au Royaume-Uni, 11,1 % en Espagne et 11,7 % en Italie, mais seulement 1,9 % aux Pays-Bas), l’estimation la plus couramment admise est que la phobie scolaire concerne de 1 à 5% de la classe d’âge des 12-19 ans.

La phobie scolaire touche aussi bien les bons élèves que les moins bons. Selon les études, 1 à 5 % des enfants scolarisés dans les pays occidentaux souffrent de phobie scolaire.
 

Quels signes évoquent une phobie scolaire ?

Chez les personnes souffrant de phobie scolaire, la peur se manifeste par des crises d’angoisse, des attaques de panique, des crises de larmes. Les crises d’angoisse se reconnaissent par des réactions aussi bien psychologiques que physiques (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées, migraines, sueurs froides, cœur qui bat de plus en plus vite,…).

La phobie scolaire se traduit par de l’absentéisme, pas toujours détecté. Parfois, le jeune arrive au collège ou au lycée en retard et, pour ne pas entrer en classe, passe sa journée en permanence, à l’infirmerie ou rentre à la maison. Parfois, dès les premières manifestations de la phobie scolaire, il ne peut plus du tout se rendre en cours.

Après avoir multiplié les absences, il se trouve bientôt dans l’incapacité totale de retourner en classe. Il refuse alors de sortir de chez lui, parfois même de se lever le matin, renonce à ses loisirs, ne pratique plus aucune activité sportive, ne voit plus ses copains et s’isole de plus en plus. Ce comportement témoigne d’une véritable souffrance psychique qui perturbe très vite l’équilibre familial. À ce stade, les parents ont déjà tout tenté pour l’obliger à retourner en cours : la douceur, la négociation, les menaces. L’enfant fait ce qu’il peut pour retourner à l’école mais n’y parvient pas.

Parmi les signes avant-coureurs à prendre en compte sans délai, les signes de malaise des jeunes : anorexie, scarification, renfermement,  troubles du sommeil, refus répétés de se lever qu’une perspective agréable (« J’te fais une tartine » ; « Tu va voir tes potes » ou toute autre sortie) ne résolvent pas.

Quelles sont les causes ?

Les causes sont soit environnementales ou plus individuelles.

Les causes environnementales peuvent être liée à des situations de violence (tels que le harcèlement, cyber-harcèlement) ou des difficultés ou des efforts pour s’adapter. Cela peut être dû à des troubles « instrumentaux » (dyslexie par exemple) qui engendrent une difficulté et quand les exigences augmentent (au collège), les jeunes n’arrivent plus à suivre, malmenés par les exigences.

Les causes plus individuelles incluent des situations sans relation avec l’école, telles que l’angoisse de séparation ou de la phobie sociale. Cela peut aussi être un moyen de pression sur les parents, qui vivent des choses très difficiles – comme un moyen d’attirer leur attention, l’expression de leur propre malaise.

C’est souvent la conjonction de causes environnementales et individuelles qui conduisent à la phobie scolaire.

Un mot sur la question de l’anxiété de séparation :

Etant donné la terminologie utilisée par les psychiatres (qui consiste en une décomposition en : anxiété de séparation, phobie sociale, stress post-traumatique), si votre enfant n’a ni phobie sociale ni stress post-traumatique, la question de l’anxiété de séparation va probablement être évoquée. C’est dans ce contexte que des solutions sont parfois proposées comme : une hospitalisation, la proposition de scolarisation en internat afin de créer la distance nécessaire. Comprendre cela, sans culpabilisation, est important, et nous avons demandé au Dr Catherine RIOULT son regard sur la question de la séparation mère-enfant au travers de l’interview ci-après : La question de la séparation et de la culpabilisation des mères.

Quelles sont les conséquences ?

Sur le long terme la situation peut devenir grave pour les enfants: désocialisation, déscolarisation totale, dépression, conséquences sur l’avenir professionnel. La situation est aussi compliquée pour les parents : burn-out, arrêt d’activité professionnelle, dépression, isolement social.

Que faire en cas de phobie scolaire ?

  1. En parler : Faites appel à nos correspondants régionaux et inscrivez-vous sur notre groupe Facebook. Les parents, les amis, les professeurs, l’infirmière de l’établissement, le médecin scolaire ou l’assistante sociale sont autant d’interlocuteurs possibles.
  2. Prenez contact avec des structures proches de chez vous qui connaissent bien le problème : 

       – Pédopsychiatre à l’hôpital ou en libéral

       – Centre médico-psychologique (CMP)

       – Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP)

       – Maison des Adolescents

       – Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ)

       – Autres ressources : PsyCom

Une fois diagnostiquée, la phobie scolaire doit être traitée avec un médecin spécialiste qui proposera une  psychothérapie et/ou un traitement médical, et parfois une période d’hospitalisation.

Source www.APSPhobiescolaire.org